Trois femmes diplomates partagent leur expérience

A l’occasion du 8 mars, le Comité France-Turquie a interviewé Nur Sağman, Directrice générale du département Afrique au ministère turc des Affaires étrangères, Nilgün Erdem Arı, Ambassadrice de Turquie au Burkina Faso et Mahinur Özdemir Göktaş, Ambassadrice de Turquie en Algérie.

Trois femmes diplomates turques francophones que nous remercions chaleureusement.


Existe-t-il une manière plus féminine de faire de la diplomatie ?


Nur Sağman

« Question piège mais ma réponse est affirmative. Avec tout le respect que je dois à mes collègues de sexe masculin, je pense que la diplomatie est un métier qui demande de nos jours beaucoup de souplesse et de patience. Souplesse et patience sont selon ma vision, des caractéristiques plutôt attribuables à la femme.  Notre monde est en ébullition. Les conflits se propagent de part et d’autre. La diplomatie est l’outil principal recherché pour le dialogue. La femme, de par sa nature a une approche plus souple dans la résolution des conflits. Je crois bien évidemment en l’égalité de la femme et de l’homme. Néanmoins je pense que chacun et chacune doit profiter de ses atouts propres à son genre. Je considère donc qu’une « manière plus féminine de faire la diplomatie » existe et doit exister. »


Nilgün Erdem Arı

« Je pense que les femmes diplomates apportent une finesse à la diplomatie. Les négociations peuvent prendre une forme différente lorsqu’il y a des femmes diplomates dans une délégation. Il ne s’agit pas de « féminisation » de la diplomatie ou de la manière dont la diplomatie est menée. Un « style différent » serait plus exacte comme explication. »


Mahinur Özdemir

« Je dirais clairement oui ! La diplomatie est un mot féminin mais dominé majoritairement par des hommes. La diplomatie c’est tout un art, l’art aussi d’être créatif dans des sujets sensibles notamment. Les femmes ont cet atout d’être plus créatives, moins conflictuelles mais tout aussi fermes et efficaces dans leur fonction. »


Parler français : est-ce un atout dans un parcours en diplomatie ?


Nur Sağman

« Toute langue étrangère parlée de plus est un atout pour un parcours en diplomatie. De plus parler le français, langue considérée autrefois celle de la diplomatie est un atout sans discussion. Je pense que j’ai une place privilégiée au sein de notre Ministère en tant que francophone. Cela m’a permis d’avoir des postes privilégiés qui nécessitent la connaissance de la langue française. Je confirme, parler le français est un atout dans un parcours en diplomatie. »


Nilgün Erdem Arı

« Le français est une langue diplomatique, comme l’anglais. Si vous travaillez dans un pays francophone, comme la France ou le Burkina Faso, il est normal que vous parliez français. Vous pouvez ainsi facilement entrer en contact avec les autorités locales et la population. C’est important de parler la langue du pays dans lequel vous servez. »


Mahinur Özdemir

« L’anglais reste aujourd’hui la langue de la diplomatie mais le français est indéniablement un atout, surtout lorsque vous exercez dans un pays francophone et dans des institutions internationales. »


Quels conseils à des jeunes femmes qui souhaitent entrer dans la carrière diplomatique ?


Nur Sağman

« Je souhaite tout d’abord souligner que la carrière diplomatique est un mode de vie qui exige certains sacrifices. Vie personnelle et vie professionnelle sont liées étroitement. Néanmoins représenter son pays mérite tout sacrifice. Je n’ai pas de conseil à donner aux jeunes femmes qui souhaitent intégrer la diplomatie. Je veux juste dire que le monde a besoin de femmes diplomates pour un meilleur dialogue, pour la résolution des conflits, pour un monde plus juste. Je crois en la force des femmes et les invitent à être plus nombreuses dans la carrière diplomatique. »


Nilgün Erdem Arı

« Tout d’abord, elles doivent ressentir l’honneur et la fierté de représenter leur pays à l’étranger.

Elles doivent connaître leur propre culture, leur histoire et leur géographie, la richesse de leur pays. Elles doivent apprendre au moins deux ou trois langues étrangères. Dans ce processus, elles doivent absolument construire et développer leurs capacités de « networking » et de la communication. C’est une carrière très gratifiante et plein d’expérience. »


Mahinur Özdemir

« Je leur conseillerai d’investir absolument dans une langue étrangère, de ne pas avoir peur d’entamer une carrière diplomatique et de continuer à se battre pour trouver leur place dans un monde encore majoritairement masculin, d’avoir confiance en elles et en leurs talents. Pour celles qui sont mamans, qu’il est tout à fait compatible de concilier vie de famille et carrière diplomatique. »

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