Sélection du Prix littéraire France-Turquie 2022

Le Prix littéraire du Comité France-Turquie-Fernand Rouillon est attribué chaque année, alternativement, à un ouvrage de fiction turc traduit en français et à un essai en français sur la Turquie.

Présidé par la romancière et journaliste Kenizé Mourad, le jury est composé de Bayram Balcı, Mathias Énard, Vénus Khoury-Ghata, Nedim Gürsel, Frédéric Hitzel, Marianne Meunier et Gaye Petek.

Cette année, dans la catégorie essais, les membres ont nominé 9 ouvrages.

Le choix final du jury sera dévoilé lors d’une cérémonie le mercredi 23 novembre à 18 h 30, à la mairie du XVIe arrondissement de Paris à laquelle participera l’auteur(e) primé(e).

1) Samim Akgönül, Dictionnaire insolite de la Turquie (Cosmopole, 2021, 160 p.)

2) Anne Andlauer, La Turquie d’Erdogan (Éditions du Rocher, 2022, 260 p.)

3) Metin Arditi, Dictionnaire amoureux d’Istanbul (Plon-Grasset, 530 p.)

4) Didier Billion, La Turquie, un partenaire incontournable (Eyrolles, 2022, 190 p.)

5) Can Dündar, Jbr Anwar, Erdogan. Le nouveau sultan (Delcourt, 2022, 320 p.)

6) Philippe Dupuich & Timour Muhidine, Yeralti Istanbul (Empreinte Temps présent, 2022, 128 p.)

7) K. Feigelson et M. Öztürk (dir.), Les Écrans turcophones (Presses universitaires du Septentrion, 2022, 346 p.)

8) Nicolas Monceau, Turquie. Un dilemme européen ? (Éd. de l’Aube/Fondation Jean Jaurès, 2021, 152 p.)

9) Léa Raso della Volta, Les paradoxes du nationalisme turc. La construction de l’identité de 1869 au néo-ottomanisme de Recep Erdogan (L’Harmattan, 2021, 494 p.)

Samim Akgönül, Dictionnaire insolite de la Turquie

Le mot de l’éditeur

Plus qu’un pays de contrastes, la Turquie est un pays de contradictions. Ceci dit, elle offre une telle diversité de paysages, de populations, de saveurs, de mélodies qu’il est impossible de la définir et la décrire de manière monolithique. Au détour de cérémonies, de projets fous et de savoureuses expressions, Samim Akgönül donne à découvrir des poètes et des musiciens, de fortes personnalités contemporaines, la figure du bakkal, Hodja, Sinan, Adıvar et Loti. Allons voir les mots tavlaarabesk, commérage, börekçiğ köfte ou encore kolonya… et, comme on dit en turc, haydi bakalım !

Au-delà des guides touristiques, les dictionnaires insolites vous font voyager par les mots et aident à briser les idées reçues.

160 pages, 11 €

L’auteur

Samim Akgönül est historien et politologue. Il enseigne la langue et la civilisation turques et a publié plusieurs ouvrages en français, en turc et en anglais sur la Turquie contemporaine, les minorités qui y sont présentes et les minorités turques dans les Balkans ou en Europe occidentale. Il dirige actuellement le Département d’Études turques de l’Université de Strasbourg et partage sa vie entre Strasbourg, Bordeaux et Istanbul.

Anne Andlauer, La Turquie d’Erdogan

Le mot de l’éditeur

Rarement un pays a autant focalisé les attentions et déchaîné les passions. La Turquie, pourtant, reste méconnue, souvent résumée à sa religion majoritaire (l’islam), à des interprétations historiques (l’héritage de l’Empire ottoman) et à un homme, son dirigeant depuis 2003 : Recep Tayyip Erdogan.La Turquie est un paradoxe. Un pays pétri de contradictions, loin des oppositions binaires. Une société parcourue de lignes de fracture, loin du bloc monolithique qu’on imagine parfois. Une réforme adoptée en 2017 semble, sur le papier, rendre tout-puissant le chef de l’État. Mais à l’approche d’un nouveau scrutin et du centenaire de la République, Recep Tayyip Erdogan paraît plus fragile et son opposition mieux mobilisée que jamais. Les libertés se réduisent à vue d’oeil, mais la société civile reste vivace et les citoyens, quelles que soient leurs convictions politiques, demeurent attachés au vote. Une majorité d’entre eux continue par ailleurs de soutenir le projet d’adhésion à l’Union européenne. La « Turquie d’Erdogan », qui souffre en Occident d’une si mauvaise image, ne se réduit donc pas à ce qui dit, fait ou veut son président.La journaliste Anne Andlauer, qui vit en Turquie depuis 2010, réalise une enquête fouillée, loin des clichés et des excès, sur les évolutions récentes d’un pays qui fascine ou qui inquiète, mais qui surprend continuellement.

Monaco, Éditions du Rocher, 2022, 262 p., 19,90 €

L’autrice

Journaliste, Anne Andlauer vit et travaille en Turquie depuis plus de 10 ans. Elle est notamment correspondante à Istanbul pour plusieurs radios francophones, dont Radio France, RFI, la RTS et la RTBF… 

Metin Arditi, Dictionnaire amoureux d’Istanbul

Le mot de l’éditeur

À cheval sur deux continents, longtemps capitale d’empires immenses, Istanbul est le produit d’un extraordinaire empilage de cultures qui se sont fondues les unes dans les autres au fil de vingt-cinq siècles. Tout, ici, étonne, surprend, émerveille. Sommes-nous à Byzance, Constantinople ou Istanbul ? » Cette ville – celle de mon enfance – a tout eu, tout reçu, tout connu. Des empereurs et des sultans, des personnages de légende, des artistes raffinés, des architectes géniaux, des favorites diaboliques et des marchands d’armes d’une habileté hors du commun. On s’y régale de mets d’une rare finesse, on y hume des senteurs troublantes, on déambule au milieu de bruits jamais entendus, on y vit des passions qu’il vaut mieux taire, et lorsque l’on se trouve sur l’une de ses collines, où que se porte le regard, on a le sentiment d’être au Royaume des royaumes. Tout, ici, étonne, surprend, émerveille. Sommes-nous à Byzance, Constantinople ou Istanbul ? Devant une église orthodoxe ou une mosquée ? Dans une citerne ou une basilique ? Le quartier que nous visitons est-il grec ? juif ? génois ou vénitien ? Sommes-nous rive gauche ou rive droite de la Corne d’Or ? Face au Bosphore, à la mer de Marmara ou à la mer Noire ? Où irons-nous déjeuner, tout à l’heure, en Europe ou en Asie ? « 

Plon-Grasset, 2022, 380 p., 25 €

L’auteur

Écrivain suisse d’origine turque, né à Ankara, Metin Arditi est l’auteur de nombreux ouvrages, dont Le Turquetto (Actes-Sud, 2011). Plusieurs de ses romans ont été primés. Parallèlement, il s’implique dans le domaine de la culture (ambassadeur de bonne volonté de l’Unesco en 2012) et du dialogue interculturel : la Fondation Arditi pour le dialogue interculturel organise des concours d’écriture romanesque entre étudiants israéliens juifs et musulmans ; un projet similaire, actuellement suspendu, a été lancé entre universités turques et arméniennes.

Didier Billion, La Turquie, un partenaire incontournable

Le mot de l’éditeur

Polarisation politique, manquements démocratiques, turbulences économiques, crispations identitaires, question kurde, blocage européen… La Turquie se trouve régulièrement au centre de l’actualité internationale et fait fréquemment l’objet de jugements à l’emporte-pièce. En abordant successivement les aspects politiques, économiques, sociétaux et internationaux de la Turquie, cet ouvrage précis et didactique fournit des clés de lecture pour découvrir et comprendre ce pays qui résiste décidément aux analyses binaires. Loin des clichés et des préjugés, il propose des pistes d’analyse pour explorer la profondeur historique et les paradoxes contemporains de la Turquie sans esquiver ses contradictions et ses
défis. Des cartes, des schémas et des tableaux viennent illustrer le propos.


Eyrolles, 2021, 190 p., 16,90 €

L’auteur

Docteur en Science politique, Didier Billion est spécialiste de la Turquie et du Moyen-Orient.
Auteur d’ouvrages et de nombreux articles sur les problématiques régionales, il a en outre rédigé de multiples études et notes de consultance pour des institutions françaises (ministère de la Défense, ministère des Affaires étrangères) ainsi que pour des entreprises françaises agissant au Moyen-Orient. Didier Billion est directeur adjoint de l’IRIS.

Can Dündar, Jbr Anwar, Erdogan. Le nouveau sultan

Le mot de l’éditeur

La biographie non autorisée du sulfureux maître de la Turquie, retraçant le parcours hors normes de l’une des personnalités politiques les plus inquiétantes et imprévisibles de l’échiquier mondial.
Deux opposants au régime turc et exilés, l’un dessinateur, l’autre journaliste, ont choisi la formule du roman graphique pour raconter la vie et la carrière de Recep Erdogan. Un documentaire qui a nécessité un très important travail de recherches, décrivant le climat politique d’une époque et l’ascension de l’homme fort de la Turquie, depuis son enfance jusqu’au plus haut sommet du pouvoir.

Delcourt/Encrages, 2022, 320 p., 29,95 €

Les auteurs

Can Dündar

Journaliste et documentariste turc (il a réalisé notamment un documentaire sur Atatürk en 2008), a dirigé la rédaction du quotidien Cumhuriyet de 2013 à 2016. Emprisonné en 2015, il vit depuis sa libération en Allemagne. Il est citoyen d’honneur de la Ville de Paris.

Anwar Jbr

Illustrateur et coloriste, il se définit comme « conteur visuel, journaliste graphique, dessinateur et ex-ingénieur biomédical »

Philippe Dupuich & Timour Muhidine, Yeralti Istanbul

Le mot de l’éditeur

L’underground turc s’affirme comme l’une des forces créatrices d’une culture en plein renouvellement. Depuis le milieu des années 1990, il règne dans Beyoglu – le quartier occidentalisé d’Istanbul – une profonde nostalgie mêlée à la créativité la plus intense qui n’a jamais cessé de produire une culture alternative que l’on appelle yeralti. Ce courant repose sur plusieurs strates de culture populaire : la musique arabesk, le rock… On le trouve dans les films d’horreur, les films de série B, fantastiques ou sociaux, des années 1970. Il s’incarne aussi dans une forme qui se réinvente en permanence : la caricature et tous les petits magazines satiriques qui servent « d’école » aux auteurs. Dans la Turquie actuelle, les écrivains marginaux échappent eux aussi à la mise au pas et font la preuve qu’une littérature alternative existe. Les œuvres du
courant yeralti font déjà partie des repères de la littérature contemporaine. Elles ravivent et poursuivent le mythe romantique et bohème.

Empreinte « Temps présent », 2022, 128 p., ill. couleurs, 29,90 €

Les auteurs

Timour Muhidine, maître de conférences à l’Inalco en langue et littérature turques, est également auteur, traducteur (du turc en français) et directeur de la collection « Lettres turques » chez Actes-Sud.

Philippe Dupuich est photographe indépendant, intéressé autant par le côté documentaire que par le côté artistique de la photographie.

K. Feigelson et M. Öztürk (dir.), Les Écrans turcophones

Le mot de l’éditeur

Cet ouvrage collectif s’attache à combler une lacune au sein des études francophones sur l’audiovisuel turcophone qui fait preuve depuis quelques années d’un certain dynamisme et connaît un succès important au niveau national, régional et international. Le cinéma turc des années 2000-2020 est l’un des rares cinémas qui fait plus d’entrées que le cinéma américain au niveau national. En analysant ce tournant d’une industrialisation des images et son régime audiovisuel en Turquie après les années 2000, tant dans le cinéma de fiction que dans le documentaire et à la télévision, l’ouvrage se propose aussi de montrer les spécificités de cette production tant en Turquie qu’en diaspora, à la fois dans son rapport à l’histoire et aux minorités comme aux tabous, dans ses relations à la propagande audiovisuelle comme aux documentaires dans ses formes plus alternatives ou dans l’émergence d’un cinéma des femmes. Il s’agit d’aborder ici sous un angle critique et dans une approche pluridisciplinaire, la vitalité de cette industrie des images et ses limites dans un contexte de globalisation au Proche-Orient, en montrant la qualité esthétique d’un cinéma turcophone pluriel toujours plus partagé aujourd’hui entre un cinéma d’auteur et un cinéma commercial, mais redevable d’une histoire et d’une forte tradition filmique.

Lille, Presses du Septentrion, 2022, 346 p., 28 €

Les auteurs

Kristian Feigelson est professeur à l’université Sorbonne Nouvelle – Paris 3, rattaché à l’IRCAV. Chercheur associé à l’INALCO et à l’EHESS. Ses recherches portent sur la sociologie du cinéma et de l’audiovisuel.

Mehmet Öztürk est professeur en cinéma et audiovisuel à l’université de Marmara à Istanbul et enseignant-chercheur associé à l’INAL.

Nicolas Monceau, Turquie. Un dilemme européen ?

Le mot de l’éditeur

L’adhésion de la Turquie à l’Union européenne interroge et divise l’Europe depuis des décennies. Pourquoi cette singularité de la candidature turque par rapport aux autres élargissements? Aujourd’hui, les Européens sont plus que jamais confrontés à un dilemme entre la nécessité de coopérer avec la Turquie pour gérer la crise migratoire et lutter contre le terrorisme international, et celle de s’ériger contre ses dérives autoritaires et son interventionnisme régional. Pour comprendre cette ambivalence entre coopération et dénonciation, il faut appréhender l’évolution des relations turco-européennes à l’aune des difficultés du processus d’adhésion et des tensions existantes. Un éclairage indispensable, qui rappelle l’importance pour l’Union de clarifier ses positions face à la Turquie.

Fondation Jan-Jaurès/Éditions de l’Aube, 2021, 152 p., 17,90 €

L’auteur

Maître de conférences en science politique à l’université de Bordeaux et directeur adjoint du centre Montesquieu de recherches politiques, Nicolas Monceau effectue depuis 1987 des missions d’enseignement et de recherche en Turquie, où il séjourne régulièrement. Turcophone, il a vécu six années à Istanbul comme chercheur (Institut français d’études anatoliennes-Georges Dumézil) et enseignant (Université Galatasaray, Université Marmara). Il a publié une dizaine d’ouvrages et d’articles sur la Turquie.

Léa Raso della Volta, Les paradoxes du nationalisme turc. La construction de l’identité de 1869 au néo-ottomanisme de Recep Erdogan

Le mot de l’éditeur

Cent ans après la proclamation de la République turque et la naissance du nationalisme d’État, la Turquie peine à définir son identité. La disparition prématurée de Mustafa Kemal a mis un coup d’arrêt à la lente gestation de la nouvelle société. Après l’arrivée du multipartisme au pouvoir dans les années 1950, la Turquie a fait le choix ensuite de la synthèse turco-islamique censée faire consensus. Ces années 1960-70, dites « de plomb », ont été dominées par deux forces nationalistes : l’État-profond, garant de l’héritage de Mustafa Kemal et l’ultranationalisme des Loups gris. Dans les années 1990, on assiste à l’émergence du concept de Türkyeli (de Turquie) qui tend à faire du citoyen non plus un Turc mais un habitant de Turquie. Apparaît également la tendance néo-ottomaniste qui vise à permettre à la Turquie de renouer avec son passé ottoman.

L’Harmattan, 2021, 494 p., 42 €

L’auteur

Lea Raso Della Volta est journaliste et titulaire de deux doctorats, l’un en Sciences et techniques du langage (2004) et l’autre en droit public (2017). Elle est spécialiste des Balkans et de l’Empire ottoman et de la Turquie, et passionnée d’histoire des Templiers.

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