C’est avec une grande tristesse que le Comité France-Turquie a appris, le 7 mars, le décès de Pierre Pinon, dont l’enseignement et les multiples publications, notamment sur l’architecture des maisons traditionnelles et la forme urbaine des villes anatoliennes, ont marqué plusieurs générations d’architectes du patrimoine.
Né en 1945, Pierre Pinon était architecte (DPLG, École des Beaux-Arts, Paris), docteur en archéologie (université de Tours), docteur ès-lettres (Paris IV-Sorbonne) et spécialiste de l’histoire de l’architecture de la ville et du paysage. Ancien pensionnaire de l’Académie de France à Rome (Villa Médicis), il a enseigné à l’École d’architecture de Paris-La Défense, puis à l’École Nationale Supérieure d’Architecture de Paris-Belleville en histoire et culture architecturales. Il était ancien membre de la Commission nationale des monuments historiques et du Comité des travaux historiques et scientifiques du ministère de la Recherche.
Pierre Pinon s’est attaché tout au long de ses recherches à étudier le territoire à ses différentes échelles et à démontrer que les évolutions de l’architecture, de la ville, et des paysages étaient indissociables et intimement mêlées. Il s’est forgé pour cela un regard ouvert sur de nombreuses disciplines, l’architecture, l’urbanisme, l’archéologie, l’histoire, mais aussi la sociologie, l’ethnologie ou les sciences politiques.
Les publications de Pierre Pinon sont aussi foisonnantes que diverses : il a publié un grand nombre d’articles et d’ouvrages sur les liens entre architecture, territoire et paysage, l’histoire des formes urbaines, l’évolution des villes), la sédimentation urbaine, l’architecture et l’urbanisme. Ses nombreux travaux sur Paris font autorité.



La Turquie était un terrain que Pierre Pinon connaissait bien et appréciait particulièrement. Dès 1984, avec son ami Alain Borie, il créa un atelier « Turquie » dans le cadre de leur enseignement à l’Unité pédagogique d’architecture à Nanterre. Pendant près de trente ans, ils prirent l’habitude d’emmener chaque année leurs étudiants en Turquie pour y étudier les formes urbaines des villes et maisons anatoliennes. En 1985, paraissait un manuel sur « La maison turque », Supplément au n° 94 du Bulletin d’informations architecturales (IFA, Paris). De nombreux articles, dont certains rédigés avec leur ami Stéphane Yerasimos, verront le jour, parmi lesquels on retiendra des essais sur l’architecture domestique des maisons traditionnelles d’Afyon, Tokat, Sivas.
En 2010, paraît (avec A. Borie) un numéro spécial sur Istanbul dans la collection « Portrait de ville » éditée par la Cité de l’architecture et du patrimoine et en 2019 Les Villes et les maisons ottomanes (Istanbul, éd. Isis).


Pierre Pinon aimait transmettre son savoir, que ce soit à travers des articles, des conférences, des cours, mais aussi des expositions. On lui doit notamment :
– « Henri Prost et le plan directeur d’Istanbul (1936-1951) », version numérique d’une exposition présentée en 2010 au musée de Péra à Istanbul.
– « Albert Gabriel (1883-1972) : Architecte, archéologue, peintre, voyageur », exposition à la galerie d’art Kâzım Taşkent de la Yapı Kredi d’Istanbul en 2006.


Le Comité France Turquie adresse à son épouse, Agostina Pinon, à ses enfants, Mathilde et Nicolas, et à ses petits-enfants, ses plus sincères condoléances.