Aux Origines de la Tulipe

La tradition veut que ce soit sous le règne de Soliman le Magnifique (1520-1566), qu’arrivent en Occident les premiers bulbes de tulipes.

C’est semble-t-il au premier des voyageurs naturalistes français, Pierre Belon, apothicaire auvergnat visitant la Turquie en 1547, que l’on doit les premiers spécimens en France et en Bavière, où la première floraison attestée date des années 1560. Mais c’est le Flamand Ogier Ghislain de Busbecq, ambassadeur de l’empereur Ferdinand Ier auprès de Soliman le Magnifique, qui le premier lui donna le nom qu’on lui connaît. En compagnie d’un médecin, Busbecq partit pour la Turquie en 1554. Dans une lettre, il relate comment, sur son chemin, il découvre ces curieuses fleurs que « les Turcs appellent tulipan », qui, contrairement aux narcisses et jacinthes, n’ont pas beaucoup de parfum. Mais, poursuit-il, « elles sont admirées pour la variété et la beauté de leurs couleurs. Les Turcs cultivent ces fleurs avec une ardeur extrême, et bien qu’ils soient des gens raisonnables, n’hésitent pas à dépenser des sommes considérables quand l’une d’elles est exceptionnelle. » 

Le mot dülbend, et non Tulipan, comme le rapporte Busbeck [Tulpe en allemand et Tulp en néerlandais], est un mot persan qui désigne un voile très fin. Est-ce à la légèreté de la fleur que ce mot fait référence ? Difficile à dire car, en turc, la tulipe se dit lâle. Quoiqu’il en soit, dès que la Tulipa Turcarum fut connue, elle se répandit rapidement en Europe : Augsbourg (1559), Anvers (1562), les Flandres (1583), Leyde (1590), Montpellier (1598). La Tulipomania ne faisait que commencer…

Les Ottomans ont rédigé d’innombrables traités sur les tulipes, le premier sur le sujet datant de 1699. 1 108 variétés furent inventoriées dans le « Registre des tulipes d’Istanbul » daté de 1726, 1 548 dans celui intitulé Ferahengiz, en 1764. C’est dire le succès que rencontra cette fleur dont les variétés, couleurs, continuent d’enchanter nos jardins en ce mois d’avril.

La « tulipe ottomane », mince, élancée, légèrement renflée à la base, en forme de lyre avec des pétales en pointe, connaît un énorme engouement à Istanbul, pendant toute la période ottomane. Symbole de richesse, mais aussi d’art et d’esthétique, elle est le thème favori des artistes qui la reproduisent sur de nombreux supports, que ce soient les manuscrits enluminés, les miniatures, les reliures, les céramiques, les textiles, tapis de prière, caftans, pièces d’orfèvrerie, mobilier, pierres tombales.

Par Frédéric Hitzel

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En France aussi, des jardins mettent la tulipe à l’honneur.

La rivière de tulipes de Chaumont-sur-Loire, dans le Loir-et-Cher, les jardins du château de Vendeuvre dans le Calvados tout comme le jardin de Claude Monet à Giverny en présentent les plus beaux exemples.

Pour aller plus loin :

Olivier Bleys, Semper Augustus, Folio, 2008

Alain Servantie, Le Voyage à Istanbul, Byzance, Constantinople, Istanbul du Moyen Age au XXè siècle, Editions Complexe

Beau Livre :

Frédéric Hitzel & Mireille Jacotin, Iznik, l’aventure d’une collection. Les Céramiques ottomanes du musée national de la Renaissance château d’Ecouen, Paris, RMN, 2005.

Sur le grand écran :

Justin Chadwick, Tulip Fever, 2017, Allemagne

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